Le vice-président de l’association WISE nous présente l’aide humanitaire en direction des exilés dans les Hauts-de-France. Time For Equality soutient cette action et vous invite à y participer (voir détails et contacts à la fin de l’article).
Depuis la fermeture du centre d’accueil de Sangatte en 2002, certaines communes du Pas de Calais, ainsi que de la Flandre intérieure et littorale font face à une situation humanitaire que je tenterai de vous décrire rapidement ici. Chacun connaît les récits glaçants et les images de cette crise des réfugiés, néanmoins, reste à nos nos yeux, toujours aussi frappant, la facilité avec laquelle un individu perd sa dimension humaine lorsqu’il n’a nulle part où aller se refugier et personne à qui demander de l’aide. Cet appel est avant tout un appel à l’humanisme, à l’altruisme, aucun jugement, aucune idéologie, n’est défendu dans les lignes qui suivent.
La « Jungle » aurait été baptisée ainsi par des exilés iraniens, en farsi la « jungla » signifiant la forêt. De nombreuses jungles ont fait leur apparition durant la seconde moitié des années 2000, on notera, entre autres, celle de Téteghem, de Norrent-Fontes, celle de Steenvoorde, celle du Basroch à Grande-Synthe et enfin, celle de Calais. La provenance des intéressés varie dans le temps et selon différents facteurs qu’il soient religieux, géopolitiques, nationaux ou internationaux. Nous y croisions principalement des ressortissants kurdes, iraniens, irakiens, syriens, afghans, maliens, guinéens et érythréens. Des personnes de tous âges, hommes, femmes et enfants se mélangent et se succèdent dans ces paysages chaotiques, la majorité est venue dans l’espoir de traverser la Manche.
Pour la première distribution des dons en 2014, nous allons à Téteghem tout près de la frontière belge où plusieurs centaines de syriens et d’iraniens se trouvent là, accolés au Lac, figés dans la boue d’octobre. Un amas de tentes cassées, de débris et cette foule faite de jeunes gens inquiets, de familles, d’enfants et de personnes âgées perdues. Ce visage, toujours le même, mêlant crainte et euphorie, sur lequel on lit immanquablement le froid et la faim. La voiture est plantée dans le milieu de l’entrée de cette jungle, pleine des dons de mes cher(e)s collègues. Les gens ont faim et froid, malheureusement il n’y a pas assez pour contenter tout le monde.
Un petit aparté sur un autre campement sauvage à Lille, où nous sommes intervenus par des dons de vêtements, de nourriture, de kits d’hygiène et de fournitures scolaires. Le camp du jardin des Olieux reste singulier pour la France, car monté sur du bitume, là vivait une majorité de mineurs guinéens et maliens souhaitant rester en France, ils ont dormi, des mois Durant, dans ces tentes posées sur palettes afin de rester au sec.
Palettes toujours, mais cette fois pour marcher, pour ce qui était l’enfer du camp du Basroch [1] … J’ai grandi là, à Grande-Synthe, banlieue du Nord de la France près de Dunkerque. Fin 2015, jusqu’à 3000 personnes s’y sont retrouvées embourbées pendant des jours, des mois.
Les familles sont mises à l’abri pendant les nuits les plus froides, chez l’habitant ou dans des chambres d’hôtel payées par les associations et les particuliers. Les problèmes de salubrité, de santé publique se font plus pressants et la peur d’y voir mourir un exile de froid ou de maladie atteint son paroxysme durant l’hiver 2015.
C’est pourquoi dans le même temps, la mairie acquière un terrain et le fait aménager, des chalets en bois, pour quatre à cinq personnes de 5 m² et des tentes collectives, sont montés en urgence par MSF et par les associations intervenantes sur le modèle des camps de refugiés d’Allemagne.
Le camp de la Linière voit le jour en mars 2016 grâce à M. Damien Carême, maire de Grande-Synthe.
Les exilés du Basroch connaissaient des conditions de vie difficiles, radicalement différentes, le changement est total, on peut dès lors parler d’une avancée inédite pour la région. Le déménagement de plus ou moins 1800 personnes se déroule sur trois jours en mars 2016, les difficultés sont nombreuses néanmoins le moment est historique pour les bénévoles, pour les migrants et plus largement pour le pays car c’est le premier, seul et unique camp humanitaire en France.
La vie s’organise de mieux en mieux jour après jour, reprenant à la fois des éléments de vie des autres camps de réfugiés dans le monde et des habitudes de la jungle de Calais. L’organisation du camp est laissée à une association française [2] qui travaille en concertation avec le maire et le préfet.
L’aide est en règle générale apportée par des particuliers et des membres d’associations locales, nationales ou étrangères, un tissu composé d’organisations très éparses, qui peuvent être religieuses, politiques ou simplement humanitaires.
Certains de ces bénévoles sont impliquée quotidiennement dans cette aide depuis plus de dix ans. Les volontaires viennent de partout en France, d’Italie, d’Angleterre [3], d’Allemagne, du Mexique ou de Slovénie pour aider pendant un week-end ou pour plusieurs mois. Les associations locales, nationales et étrangères se soutiennent dans la gestion quotidienne du camps et l’aide apportée aux jungles.
L’incendie de la Linière et l’après….
Le bras de fer entre les autorités et les associatifs s’intensifie lorsqu’il s’agit du démontage de certains chalets et du refus d’accueillir les nouveaux arrivants. Utopia quitte le site et laisse l’AFJ prendre le relais. La gestion est faite par des salariés et non plus des bénévoles, petit à petit les rapports changent entre les acteurs et la situation se dégrade. Le démantèlement de la jungle de Calais fait peser sur le camp de la Linière un poids démographique qu’il ne peut supporter, le 11 avril à 1h00, un incendie ravage une partie du camp. Les sinistrés sont d’abord regroupés dans des gymnases de la ville à peu près 1.100 personnes sur les 1.800 occupants, qui seront conduits, les jours suivants, dans des CAO [4] aux quatre coins de France. Depuis la situation reste inchangée, les autorités françaises font en sorte de décourager les exilés, ainsi que les associations qui leur viennent en aide.
Les réponses actuelles des autorités françaises se sont durcies et les conditions de vie sont poussées à l’extrême, l’aide humanitaire est de plus en plus difficile à mettre en œuvre [5]. Les tribunaux des Hauts-de-France essaient de limiter tant bien que mal les mesures les plus contraignantes à l’encontre des exilés et les évacuations sans solutions subsidiaires.
Les associations anciennement présentes sur le camps continuent à oeuvrer pour ce public mais on doit noter que le travail est rendu plus compliqué par l’éparpillement des exiles et la creation constant de mini-jungles éparses. Le désespoir de ces personnes venues s’échouer à quelques kilometers de Douvres inquiète aujourd’hui les associations, les tentatives de traversée sauvage, à la nage, en bateau gonflable ou en embarcation di fortune font peser un grand danger sur ces personnes et sur l’avenir de la Flandre littorale ainsi que les plages de Malo-les-Bains risquent de devenir, à leur tour, le théâtre d’un naufrage humanitaire.
Notre appel se fait en faveur des personnes présentes sur cette zone géographique, le Dunkerquois et le Calaisis, mais nous aidons également à la constitution de convois et soutenons des associations locales, par des échanges et des dons.
Aidez-nous à les aider en participant à cette action humanitaire :
- En devenant volontaires.
- En nous mettant en contact avec des personnes susceptibles de pouvoir fournir en grande quantité et à bas coûts les articles de la liste.
- En commandant des articles dans les magasins du Dunkerquois que nous irons chercher.
- En faisant un don financier à notre association: IBAN FR76 3000 3007 9000 0372 6795 805 – BIC-ADRESSE SWIFT : SOGEFRPP…
- En faisant un don en nature:
- Sacs de couchage/oreillers/couvertures
- Savons/gel douche/shampooing
- Dentifrices/brosse à dents/déodorants
- Savons/serviettes/gants de toilette
- Serviettes hygiéniques/couches bébé
- Sous-vêtements hommes/femmes
- Chaussures de marche/chaussettes
- Jeans/pantalons de sport/baskets
- Sacs à dos/pulls à capuche
- T-shirts/pulls/manteaux/ Kway
- Bonnets/gants/écharpes
- Barres de céréales/biscuits
- Sucre/café
- Eau et jus/lait pour nourrisson
- Nourriture lyophilisée
- Lampe de poche/vaisselle de camping
Photos: Albano Franzoso
L’association WISE, “Walking In the Streets’ Essence”, a été créée en 2003. Elle travaille en direction des publics exclus, la jeunesse, les relations intergénèrationnelles et la solidarité internationale.
Contacts: assowise@yahoo.fr
https://facebook.com/associationwise
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