Le plafond de verre existe-t-il dans la magistrature?

Le plafond de verre existe-t-il dans la magistrature?
Dans son livre “La Giudice – Una donna in magistratura”, présenté, pour la première fois hors d’Italie à Luxembourg, le 30 mai, Paola Di Nicola, juge au tribunal pénal de Rome, nous confie son expérience en tant que magistrat femme dans un pays, l’Italie, où les femmes ont été exclues de ce domaine professionnel jusqu’en 1963. En plus de ses réflexions personnelles, la juge Di Nicola fournit une série de données chiffrées, de dates et de statistiques qui permettent de suivre avec précision mathématique la progression constante des femmes dans la magistrature italienne dans les derniers 50 ans. En effet, les femmes représentent désormais 46 % des magistrats, mais leur progression s’arrête inexorablement face au “plafond de verre” dans les palais de justice.
 
Cette situation concerne-t-elle seulement l’Italie ou peut-on retrouver des analogies avec d’autres pays? 
 
Dans son rapport évaluant les systèmes judiciaires européens de l’année 2010, publié en septembre 2012, la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ) constate que dans plusieurs pays de l’Europe de l’Ouest la proportion des femmes et des hommes au sein des juges professionnels est presque égale. Par exemple, en Belgique, Finlande et Georgie, il y avait, en 2010, 53% de magistrats masculins et 47% de magistrates. Toutefois, lorsque l’on monte dans la hiérarchie judiciaire, cette égalité disparaît. En Belgique, 75% des présidents de tribunaux de première instance sont des hommes. Une présence qui passe à 80% dans les juridictions d’appel et à 100% pour les cours suprêmes.
 
Par contre, certains pays, comme la Slovénie, la Serbie ou la Lettonie, comptaient une majorité de femmes dans la magistrature. En Azerbaïdjan et en Ecosse c’est l’inverse avec respectivement 91% et 79% d’hommes.
 
La CEPEJ constate : « Sur les 26 Etats ayant fourni des données, seuls 8 avaient une femme à la tête de la Cour Suprême (ou équivalent) en 2010. Le « plafond de verre », freinant l’accès à la progression hiérarchique des femmes, semble exister aussi dans le domaine de la justice. Les années à venir montreront si cette tendance tend à s’inverser ».
 
Voici quelques données statistiques contenues dans la base de données de la Commission européenne sur les hommes et les femmes dans la prise de décision, notamment dans la section magistrature au niveau européen et national.
 
Le débat d’aujourd’hui avec Paola Di Nicola et Camelia Toader, magistrate roumaine, depuis 2007 Juge à la Cour de Justice de l’Union européenne, donnera des éléments et quelques pistes de réflexion sur les origines, les raisons multiples de ce “plafond de verre”,  élégante métaphore qui semble renvoyer aux contes de fées, et que la juge Di Nicola n’hésite pas à renommer un ordinaire “bouchon en liège””. 
 
Rosa Brignone
 
Pour en savoir plus: 

Taubira veut plus d’hommes chez le juges : c’est quoi le problème?

La magistrature française au féminin : entre spécificité et banalisation – Anne Boigeol

Belgique : plus d’hommes que de femmes dans la hiérarchie judiciaire

UK among worst in Europe for employing female judges

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