“Mendicité forcée, exploitation sexuelle commerciale, travail forcé dans la restauration – le phénomène des «esclaves du 21e siècle» existe bel et bien au Luxembourg”.
Un premier rapport sur la traite des êtres humains, rédigé par la Commission consultative des droits de l’homme (CCDH), fait un état des lieux, retrace les tendances et formule des recommandations pour mieux combattre ce phénomène au Luxembourg.
Le Luxembourg a un devoir vis-à-vis des victimes de la traite des êtres humains, un devoir qu’il ne remplit pas. Nous souhaitons que cette donne change dans les prochaines années » Gilbert Pregno, Président de la Commission consultative des droits de l’homme, lors de la présentation du rapport aux deputés le 15 mars dernier.
Voici quelques éléments-clé du rapport
- Un manque de statistiques et chiffres fiables
Le rapport souligne les difficultés de chiffrer le phénomène de la traite des êtres humains au Luxembourg. La Police grand-ducale évalue le nombre de victimes à 79 entre 2010 et 2016, dont une majorité de femmes et 11 mineurs; 62 auteurs présumés. Les victimes sont notamment originaires des pays de l’Union européenne (Roumanie, France, Estonie) ou de pays tiers (Brésil, Chine).
La Commission consultative des droits de l’homme présume qu’en réalité le nombre des victimes et des auteurs devrait être beaucoup plus important. On estime le nombre de victimes à quelque 880.000 en Europe.
- Les demandeurs d’asile et les mineurs non-accompagnés
Le rapporteur voit un lien fort entre la traite des êtres humains et l’immigration et attire l’attention sur une population particulièrement vulnérable qui est celle des demandeurs de protection internationale et plus encore les mineurs non-accompagnés. Les auteurs recommandent davantage de coordination entre les différents acteurs qui sont en contact avec les demandeurs d’asile et davantage de formations afin qu’ils puissent mieux les protéger ou détecter d’éventuels cas d’exploitation.
- Un manque de personnel et de coordination sur le terrain
Le phénomène de la traite des êtres humains est très complexe. La CCDH constate un manque de personnel et de coopération entre les différents acteurs du terrain, à savoir la police, des associations apportant une assistance psychologique et notamment l’Inspection du Travail et des Mines (ITM). Les auteurs recommandent d’élargir les compétences de l’ITM afin que les agents puissent participer à une détection proactive d’éventuels cas de travail force, ce qui fait aujourd’hui défaut au Luxembourg.
Le premier rapport sur la traite des êtres humains est le fruit d’une loi de 2014 transposant une directive européenne qui a nommé la Commission consultative des droits de l’homme rapporteur national sur la traite des êtres humains. Un prochain rapport devrait être élaboré dans deux ans.
Lire ici le rapport
Dossier de presse sur le site de la CCDH