Bonjour ma puce,
Je voudrais tant pouvoir te demander comment tu vas. As-tu mangé ? Tu n’as pas froid ? À quoi penses-tu ? Je voudrais tant te faire des caresses, coiffer tes longs cheveux souples, te regarder dans les yeux et comprendre en un instant ce qui te trotte dans la tête. Je voudrais tant, mais je ne peux plus le faire. Alors que je t’écris, mon cœur se serre et rétrécit, partagé entre des souvenirs joyeux et l’obscurité de ces cinq dernières années. Je t’ai voulue de tout mon être, j’ai risqué ma vie pour toi et je n’aurais jamais pensé devoir t’enterrer à seulement onze ans.
Tu étais notre petit ouragan ; à l’école, tout le monde t’appelait « Peperina » car tu avais toujours réponse à tout, et ton rire, si unique et inimitable, résonnait avec force et clarté.
Je n’aurais jamais pensé devoir te quitter de cette manière, te perdre aux mains de celui qui t’a engendré. Les monstres existent et ils sont parfois juste à côté de nous et on ne s’en rend pas compte. Tu dormais à côté de celui qui aurait dû te protéger contre tous les monstres, mais, comme un lâche, il t’a trahie en t’attaquant au moment où tu étais totalement vulnérable.
Tu t’es battue, tu ne voulais pas partir, mais tu n’as pas réussi. Et je suis sûre que tu n’as pas quitté un instant ta petite sœur pendant qu’elle aussi luttait pour vivre. Au cours de ces jours atroces, tu t’en es allée et elle, si près de la mort à cause du même lâche, elle est revenue à la vie. Tu lui manques tellement.
Ma petite Laura, tu manques tellement à tes frères qui doivent vivre jour après jour avec l’horreur de cette matinée sanglante, avec la culpabilité de ne pas avoir réussi à te sauver.
Tu sais, j’ai trouvé un de tes cahiers d’école, où tu parlais de ton rêve : créer un centre où il serait possible d’accueillir des animaux abandonnés et maltraités. Je te promets que je ferai tout pour que ton rêve se réalise et je m’occuperai, comme tu le rêvais, de ces créatures que tu aimais tant.
Et je ne cesserai jamais de marcher en ton nom, mon amour, tant que j’en aurai la force, pour sensibiliser tous les jeunes que Dieu me permet de rencontrer. Car j’espère, de tout cœur, que ce qui t’est arrivé ne puisse plus jamais se produire.
Ma puce, donne-moi la force à chaque instant de continuer à survivre, à me battre pour toi.
Tu es née pour toujours. Et, jour après jour, tu vivras à travers moi, je serai ta voix et je crierai pour toi.
Je t’aime ma petite étoile.
Ta maman
@TimeForEquality 2021 – Réproduction autorisée en mentionant la source
Retour à la page principale